Depuis une quinzaine d’années, une politique de construction de bassines se déroule dans la Vendée avec Roche-sur-Yon, les Autizes, Lairoux, les Magnils-Reigniers et maintenant Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres voisines. Les “mégabassines“ sont des réserves d’eau gigantesques censées aider le secteur agricole à faire face aux changements climatiques. Mais en réalité, elles sont construites pour permettre aux agro-industriel d’augmenter leur bénéfice et pour conduire les petits agriculteurs à leur faillite puisque ce modèle sert à alimenter des productions très gourmandes en eau, comme le maïs, majoritairement destiné à l’élevage industriel. Ces mégabassines accentuent aussi la pression sur les ressources en eau et nuisent à la biodiversité et amplifie l’usage des engrais chimiques et de pesticides qui se retrouve par la suite dans le milieu naturel.
Ces mégabassines ne sont pas seulement alimentées par les eaux de pluie comme le veut faire croire le gouvernement et les promoteurs mais nécessitent des opérations de pompage sur les nappes phréatiques et des cours d’eau dans un moment ou les nappes phréatiques peinent à se reconstituer. En stockant une si grande quantité d’eau qui sera tirés des nappes ou des cours, ces mégabassines privent les écosystèmes environnants d’une ressource vitale, qui permet aux zones humides et aux sols de se reconstituer pendant la période hivernale. Le danger est immédiat : l’eau indispensable à la vie va manquer et la construction des bassines inéluctablement aggraver sa déperdition.
L’arrosage issu de ces mégabassines profitent presque seulement à des gros éleveurs qui sont un maillon essentiel pour l’agrobusiness liant l’industrie agroalimentaire et la grande distribution. L’agrobusiness qui depuis le milieu du XXème siècle a eu pour résultat la destruction de l’agriculture paysanne par la concentration des terres.
Ces projets de mégabassines comme à Sainte-Soline sont activement soutenu par l’État bourgeois et nous avons vu une nouvelle fois que l’État sert l’intérêts des capitalistes. Enquêtes publiques bâclées, financement public des travaux, passage en force sans attendre l’aboutissement de procédures judicaires entamées contre la construction de nouvelles bassines et surtout la répression féroce lors des manifestations avec une grande mobilisation des gendarmes avec énormément d’arrestations, de poursuites et de violences.
Ce samedi 25 mars, 30 000 personnes s’étaient réunies à la suite de l’appel du collectif Bassines non merci, les Soulèvements de la Terre et la Confédération Paysanne et relayés par une centaine d’organisations politiques, syndicales et écologistes pour manifester contre les mégabassines à Sainte-Soline malgré l’interdiction préfectorale de la manifestation et d’autres interdiction qui avait pour objectif d’empêcher les manifestant-es d’arriver sur les lieux de mobilisations.
3 200 policiers déployés, la circulation interdite sur deux commune, un porte-parole du mouvement placé en garde-à-vue une semaine avant la mobilisation, deux hélicoptères en rotation pour surveiller le périmètre, des policiers en quad qui trient à l’aveugle sur les manifestant-es… alors que les violences du dernier rassemblement du mois d’octobre dernier est toujours dans les mémoires, l’État a encore marqué un saut dans la violence qu’il utilise contre les manifestant-es surtout dans la période actuelle ou des manifestations d’opposition à la réforme des retraites durent depuis plus de trois mois. Ce dispositif qui s’est acharné sur les manifestant-es toute la journée, à noyer la foule sous plus de 4 000 gaz lacrymogènes, de de grenades et de LBD et blessant lourdement nombre d’entre eux dont un camarade qui est toujours dans le coma.
Les organisateurs ont déclaré que plus de 200 manifestant-es ont été blessés par la police dont “l’un d’entre eux qui est actuellement plongé dans le coma avec son pronostic vital engagé“. En plus de cette violence, la police a encore une nouvelle fois montré son inhumanité en empêchant le Samu d’aller secourir un blessé en urgence vitale pendant plus d’une heure et trente, révélé par les enregistrements diffusés entre l’opérateur du Samu et un médecin et un observateur de la LDH sur place.
Gérard Darmanin, le ministre de l’Intérieur, s’est précipité pour retourner les faits pour accuser les manifestant-es et pour minimiser le nombre de blessé. Dans la continuité de cette fiction, et en montrant les images de fourgons de police en feu, il en a profité pour tenter d’enjoindre la classe politique bourgeois à prendre position contre la colère légitime des manifestant-es.
Une tentative pour créer un soutient autour du gouvernement et de la majorité relative que Macron a au Parlement. Il a aussi pour objectif de vouloir retourner l’opinion publique favorable aux manifestations qui dure depuis plus de 3 mois contre la réforme des retraites et qui a pris un tournant avec des rassemblements spontanés et radicaux qui continuent depuis maintenant deux semaines à la suite de l’utilisation de l’article 49-3 pour faire passer en force le projet de loi sur la réforme des retraites.
Pendant que 70% de la population attribue la responsabilité des violences au gouvernement (enquête Odoxa), cette surenchère de la violence sont un signe de l’isolement du gouvernement face à un mouvement de colère. Dans ce contexte, notre responsabilité et de continuer à se mobiliser en multipliant les méthodes d’actions et surtout de nous organiser afin d’apporter une réponse commune et pour nous donner les moyens d’arriver à remporter les batailles que nous sommes en train de mener contre la réforme des retraites et contre ses projets écocide car cette colère et cette combativité militante terrorise la classe dirigeante qui défend la compétitivité du capitalisme français face aux autres capitalistes.
De ce point de vue, il est important de continuer à s’opposer et à agrandir ces mobilisations pour recréer un mouvement de masse qui implique notamment les travailleur-euses dans la lutte contre ces projets. Dans toute les luttes climatiques et écologiques. Ce n’est qu’en descendant massivement dans les rues et en ne comptant pas sur ce système que nous pourrons mettre fin à la crise climatique. Comme disait le militant suédois pour le climat Andreas Malm dans son livre “Comment saboter un pipeline ? “ : “Un mouvement qui refuse de faire la distinction entre les classes et les intérêts en conflit finira toujours du mauvais côté de la barrière… Un mouvement pour le climat sans colère sociale se privera de sa force de frappe“.